BD et témoignages
Ginette Kolinka - récit d'une rescapée d'Auschwitz-Birkenau, Aurore d'Hondt (Des ronds dans l’O, 2023)
Aurore d'Hondt a eu l’idée de cette bande dessinée après avoir rencontré Ginette Kolinka, rescapée des camps de la mort, venue témoigner dans l'école d'ingénieure brestoise où elle était en 1re année. Alors âgée de 19 ans, l’étudiante passionnée de dessin et d'écriture s'est lancée dans ce projet au long cours, soutenue par Ginette Kolinka, qui n’a de cesse, depuis plusieurs années, de transmettre son témoignage pour prévenir : « Voilà où mène la haine. »
Arrêtée parce que Juive en mars 1944, Ginette Cherkasky est déportée dans le camp de concentration et d'extermination de Auschwitz-Birkenau avec son père, son frère et un neveu. Seule survivante des quatre membres déportés de sa famille, elle en réchappe mais gardera toujours le matricule 78599 tatoué sur le bras. Cette bande dessinée, délicate et pudique, est fidèle à l'esprit du témoignage de Ginette Kolinka.
Le Photographe, Emmanuel Guibert, Didier Lefèvre et Frédéric Lemercier (Dupuis, 2010)
Les 3 tomes du Photographe donnent à lire autant qu’à voir le témoignage du regretté photo-reporter Didier Lefèvre. En 1986, il s’est rendu en Afghanistan pour rendre compte du conflit armé qui oppose alors le pays à l’Union soviétique. Il y a suivi une équipe de Médecins sans frontières dont la mission était d’acheminer une aide médicale à travers les montagnes. Les quelque 4 000 clichés qu’il a pris sur place ont, des années plus tard, éveillé l’intérêt de son ami Emmanuel Guibert, célèbre auteur de bande dessinée :
« J'ai cent raisons d'aimer Didier Lefèvre. L'une d'elles, c'est qu'il est bon photographe. Une autre, c'est qu'il raconte bien les histoires. Dès les premières fois où je l'ai entendu, planches-contact à l'appui, me raconter un de ses reportages, j'ai voulu qu'on fasse un livre tous les deux. La bande dessinée intervient pour faire entendre la voix de Didier, combler les vides entre les photos et raconter ce qui se passe quand Didier, pour une raison ou une autre, n'a pas pu photographier. »
La Légèreté, Catherine Meurisse (Dargaud, 2016)
La Légèreté de Catherine Meurisse est le récit de la douloureuse reconstruction de la dessinatrice après la tuerie de Charlie Hebdo. Dessinatrice au journal satirique depuis plus de dix ans, Catherine Meurisse a vécu le 7 janvier 2015 comme une tragédie personnelle, dans laquelle elle a perdu des amis, des mentors, le goût de dessiner, la légèreté. Après la violence des faits, une nécessité lui est apparue : s'extirper du chaos et de l'aridité intellectuelle et esthétique qui ont suivi en cherchant leur opposé – la beauté.
« Pour tenter de surmonter cette impuissance, il me faut revenir au commencement. Qu’est-ce que « l’esprit Charlie », pour moi ? C’est rire de l’absurdité de la vie, se marrer ensemble pour n’avoir peur de rien, et surtout pas de la mort. »
